Nosy Boraha Jazz – Madagascar – Part 2

Durant toute la semaine précédant l’ouverture officielle du Nosy Boraha Jazz Festival sur l’Île Sainte Marie au large de Madagascar, j’ai eu la chance de rencontrer, discuter et interviewer les artistes présents. J’ai ainsi eu l’occasion de découvrir, non seulement des musiciennes et musiciens aussi attachants et sensibles que talentueux et accessibles, mais aussi de comprendre un peu mieux les origines et le sens de ces musiques que je ne connaissais que trop vaguement.

La musique malgache tout d’abord, qui a sans doute profité d’être au carrefour de l’Afrique – noire ou du Sud – de l’Asie et de l’Inde pour se faire musique unique… et pourtant très diversifiée. Il y a le Salegy, le Goma, le Malesa ou encore le Beko (je n’en suis pas pour autant devenu spécialiste, il faudra que j’y retourne 😉 ). Les musiques réunionnaises, qui jusqu’à présent, pour moi, se limitaient au Maloya, que je ne connaissais pas plus que ça. Et je ne connaissais que très peu le Sega et encore moins la Gommance ! (Ici aussi, je suis loin de pouvoir vous en faire un cours).

Ce vendredi soir, à l’Hôtel Mantis Soanambo, tandis qu’on installe les tables et les chaises dans le patio – non loin de la piscine… mais un peu loin de « la scène » – le saxophoniste Alain Maningory délivre, en solo, quelques bons vieux standards.

Puis, après que l’infatigable président du festival, Niry Ravelojaona, ait souhaité la bienvenue à un public assez nombreux (rappelons que, vu les circonstances météo, une partie des festivaliers est resté « bloqué » à Madagascar), la fête commence.

Le trio The Hands (le brésilien Edmundo Carneiro aux percussions, T-Time à la basse électrique et effets, Pierre Baillot au soprano et flutes) balance les premières pulsations rythmiques. Une intro explosive et en solo de « Mestre » Carneiro met le feu aux poudres.

Un peu comme s’il présentait les instruments au public et tout en maintenant un solide groove, il passe du pandeiro à l’agogô, fait résonner toms, tambours, claves, triangle, cymbales et autres tambourins avec une énergie et une maestria jubilatoire. C’est sans doute pour cela qu’on le surnomme « Mestre ».

Enchaînant aussitôt à ce prologue débridé, T-Time lance, sur son « sampler loop machine de poche », un groove sensuel qu’il rehausse, à la basse électrique, de motifs funky.

Pierre Baillot, quant à lui, vient épicer l’ensemble de lointaines mélodies orientales ou indiennes au bansuri, duduk ou ney… C’est un cocktail dansant plutôt singulier qui mixe le batucada, le jazz ou la samba avec le funk, le downbeat, la soul, les râgas et autres musiques ethniques.

Avec « Thérèse » (?), il y a même un petit côté Saint Germain, de Ludovic Navarre, qui se fait sentir et qui n’est pas pour déplaire. Rappelons qu’Edmundo Carneiro était l’un des principaux musiciens de ce projet qui a connu un succès planétaire.

Pierre Baillot s’autorise encore quelques jolis solos qui aèrent l’espace et T-Time se fend d’incisifs slap funky. Ça danse et ça balance sensuellement (même si une partie du public reste encore un peu trop loin). Alors, quelques spectateurs décident d’aller au-devant de la scène et d’exciter davantage le groupe. Il n’en faut pas plus pour embraser de plus belle la soirée. Et malgré la configuration de l’espace pas totalement optimal, The Hands nous met quand même un gros coup de chaud !

C’est brûlant et joyeux… et juste un peu trop court (à mon goût).

DJ Bob reprend ensuite la main (ha, ha, ha) et se charge de faire perdurer la fête jusque tard dans la soirée. Une grosse partie du personnel finit même par se mêler au public et aux musiciens pour danser et s’éclater totalement !

Des frontières ? Des barrières ? Une hiérarchie sociale ou raciale ? Rien de tout cela ici. Tous se mélangent, rient et dansent ensemble. C’est un pur bonheur. C’est touchant, c’est beau.

Alors on laisse la nuit et le léger vent chaud envahir les cœurs et les esprits. On respire. On profite. Et on se donne rendez-vous pour la suite, demain à La Varangue.

(A suivre…)

A+

3 commentaires sur “Nosy Boraha Jazz – Madagascar – Part 2

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  1. Bien jolie plume pour transmettre avec finesse et authenticité vraie de vraie, les chaleureux bon moments partagés à Sainte-Magie !

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