Jazzques lit – Dexter Gordon Sophisticated Giant

Faut-il vraiment aimer un homme pour en parler aussi bien !
Maxine Gordon, historienne et archiviste, mais surtout manager et épouse de Dexter Gordon, raconte avec beaucoup tendresse et autant de lucidité la vie tumultueuse du grand saxophoniste américain.

Parue en 2018, la bio vient tout juste d’être traduite en français chez Lenka Lente. Et c’est bien plus qu’une bio : c’est un fabuleux portrait du jazz (dans ses différentes périodes entre ‘40 et ‘90) et de tout ce qui tourne autour (bookers, agents, patrons de clubs, de firmes de disques, etc.).

Maxine ne cache absolument rien de l’histoire de Dexter, ni les côtés brillants ni les plus sombres (que celui-ci – pas trop fier – préférait cacher ou même oublier).
Maxine, elle, a fait des recherches (précises) pour s’approcher au plus près de la (vraie) vérité. Elle étaye son récit d’extraits d’articles, de correspondances, d’interviews et de nombreux témoignages qu’elle est allée chercher chez les protagonistes de l’époque. De l’enfance de Dexter, des débuts du bop, des premiers engagements et des rencontres décisives à la résurrection, en passant par les mauvaises rencontres et les passages à vide, tout y passe… et sans pathos.

On y croise Hampton, Dizzy, Eckstine, Wardell Gray, Ørsted Pedersen, Alfred Lion, Bruce Lundvall, on entend « The Chase » « Our Man In Paris » « Homecoming », on va à Los Angeles, Copenhague, Cuernavaca, Paris… et, inévitablement, on s’attarde sur la formidable aventure Round Midnight de Tavernier, de façon très intéressante et très instructive.

Maxine Gordon ne fait pas la liste des dates, des concerts, des enregistrements, mais elle fait vivre ces moments avec un talent phénoménal. On sent et on ressent ce qui se passe dans la tête de Dexter : ses doutes, ses rêves, ses déceptions, ses bonheurs. C’est raconté avec une empathie rare et cela se lit comme un roman (sans que cela ne soit romancé pour autant).


Dexter Gordon voulait oublier certains moments de sa vie, mais quand on la connaît, on se dit qu’il n’a vraiment rien à se reprocher, rien à regretter.

A+

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