Kreisberg Meets Veras – Jazz Station

C’était le dernier concert de la tournée européenne du duo Jonathan Kreisberg meets Nelson Veras. Deux fantastiques guitaristes aux univers aussi différents que communs. Le disque, que je vous recommande chaudement, est sorti en début d’année chez New For Now Music. Une pure merveille d’écoute, d’échanges et de dialogues.

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Ce vendredi 29 mars au soir, à la Jazz Station, l’ambiance est toute à la retenue. La salle est comble et il y règne un silence apaisant, presque inhabituel. Le public est déjà attentif.

Alors, sous les applaudissements nourris, les deux guitaristes montent sur scène et prennent le temps de s’accorder. Il faut préciser que Nelson Veras joue sur une toute nouvelle guitare, en prêt, car il vient de briser celle avec laquelle il joue depuis des années.

Avec une certaine fébrilité le duo s’élance. Les premières notes de «Fall» (de Wayne Shorter) envahissent subtilement l’espace, comme pour définir le cadre, avant que le virevoltant «Lina Rising» ne fasse monter l’adrénaline.

Les deux hommes s’entendent bien, c’est certain. Ils ont chacun leur façon de s’exprimer, mais se rejoignent toujours sur le propos à tenir. Avec eux, pas de doute, un plus un égale trois. Jonathan Kreisberg est plus «expansif», il aime blaguer avec le public et raconter la genèse des morceaux, tandis que Nelson Veras, plus réservé, observe son «buddy» dans un sourire entendu.

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Mais quand le jeu reprend, il n’est plus question de timidité ni de show mais de musique, d’improvisations incroyables et de surprises multiples. L’un et l’autre prennent tour à tour le lead, jamais ils ne se lâchent et pourtant se laissent toujours des champs de libertés incroyables. Liberté, liberté !

Le duo alterne les moments plus introvertis («Good Bye Pork Pie Hat» de Mingus) avec d’autres, plus fougueux, comme «Windows» de Chick Corea. A chaque fois, c’est l’occasion d’oser, de prendre de nouveaux chemins, de réinventer des phrases, d’imaginer de nouvelles couleurs. La guitare électrique de Kreisberg se mélange avec celle, acoustique, de Veras dans un équilibre parfait. Il y a autant de notes que de respirations et d’espaces.

Sous le regard complice et admiratif de Kreisberg, Veras entame alors une improvisation inouïe en introduction de «Milagre Dos Peixes» (de Milton Nascimento). La suite n’est pas moins incroyable. Chacun des guitaristes pousse l’autre à aller plus loin, à s’évader. Le morceau se transforme en une danse affolante. On perd tous ses repères. Il y a autant de swing que de groove, de bossa que de bop… Liberté ! Liberté encore ! Comme pour conjurer ce morceau emblématique, censuré par le régime brésilien lors de sa sortie en ‘73.

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Tout cela semble se faire avec une facilité déconcertante. Les musiciens s’amusent. La virtuosité s’efface devant le plaisir de partager. Pas d’étalage technique ni de démonstration ici : de la musique avant tout.

La tension et une certaine euphorie ne font que monter. Le duo enchaîne «Until You Know» (explosif), «Bye-Ya» (de Monk) et «All Or Nothing At All» avant de calmer un peu les esprits avec le délicat «Every Person Is A Story». On frisonne.

Le bonheur se lit sur les visages des musiciens et du public.

Applaudissements, salut… rappel.

Alors le duo revient pour offrir une longue version très personnelle et éblouissante de «The Man I Love»… Soirée intense et magique.

These men I Love…

 

 

A+

 

 

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