Mowgli – Jazz Station

Mon ami (et collègue de Citizen Jazz) Gilles Gaujarengues m’avait fait découvrir Pulcinella courant 2010 avec les albums « Travesti » puis « Bestiole ».

J’avais décidé, un jour, de descendre du côté de Toulouse pour aller les écouter et rencontrer Ferdinand Doumerc. Mais, arrivé à Paris, une grève des trains, m’a obligé à rebrousser chemin. Plus tard, le groupe était annoncé à Bozar mais, suite à quelques perturbations ferroviaires (mais oui !!), le concert a été remis. Et lorsque Pulcinella est passé à la Jazz Station en 2021, j’avais pris un train et quitté Bruxelles !

Ferdinand Doumerc est revenu ce 4 mars à la Jazz Station. Pas avec Pulcinella mais avec Mowgli, un trio formé par une partie de la sphère Pulcinella, à savoir Bastien Andrieu (keys) et Pierre Pollet (dm).

Les deux premiers morceaux mélangent sons vintages et mélodies presque désuètes avec une furie presque free. Un clavier Nord psyché, une flûte hypnotique et flottante (pour une reprise très personnelle de « Jungle Book ») avant qu’un ténor rocailleux ne vienne provoquer un drumming claquant, sec et groovy. Mowgli, dès les premières notes, donne un grand coup de pied dans la jungle électro jazz rock !

Ça vire même au punk rock, dans un décalage spirituel plein de dérision et de désinvolture.
Mowgli nous balance une musique d’adultes qui n’ont pas voulu grandir. Qui se nourrissent des plaisirs et des souvenirs potaches qu’ils ramènent sans vergogne dans le monde actuel et impitoyable, un peu comme pourrait le faire Thomas de Pourquery et sa bande.

Dans ce groove décloisonné, on ne s’aperçoit pas tout de suite de la complexité rythmique faite de métriques mélangées et toujours changeantes. On danse sur un pied et puis, soudainement, sur l’autre.

« Malalamoler » et « Dario » explosent tout ! Et ce n’est rien à côté de « Bicouic Orbidède », ultra nerveux comme du Squarpusher et qui semble nous plonger au cœur des premiers jeux vidéo. Le drumming est haletant, grouillant et ultra précis et tient tête aux claviers obsédants du pince-sans-rire Bastien Andrieu. Car il y a de l’humour aussi dans cette musique… et dans les titres (après l’auto-produit Ivre de la jungle, leur second album, paru chez BMC, se nomme Gueule de Boa ). C’est un peu « L’Ile aux Enfants » qui aurait passé son BAC. Claviers et drums ne se lâchent pas d’une semelle et le sax vient poser des pièges. C’est une poursuite effrénée comme dans « Tron ».

Le trio développe des univers très changeants et surprenants. Ainsi, « One Eye Jack » flirte avec le dub et la soul (on pense lointainement à Zenzile, première période), « Murkiness » drague la noisy space, et la reprise de « Pyramid Song », de Radiohead, se découvre façon puzzle, toute en découpes, en tranches éparpillées, en ruptures et décalages. En atmosphères étranges et ludiques.

Assister à un concert de Mowgli, c’est accepter les facéties créatrices et indomptables d’un trio sauvage qui se moque des conventions.

Vivifiant et ébouriffant !

Merci à ©Roger Vantilt pour les images.  

A+
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