Histoire de Détective & Seppe Gebruers – Bozar

Cette année, Bozar propose bon nombre d’expos, de rencontres, de rétrospectives et d’événements pour célébrer les 100 ans du surréalisme, cet art avant-gardiste et subversif qui n’a pas bouleversé que le monde culturel.

Dans ce cadre-là, lundi 26 février, Avila (groupement de cinéastes qui défendent et distribuent les films d’auteurs belges – des documentaires, des fictions ou des œuvres expérimentales – en salle ou via leur plateforme) a organisé un Ciné-Concert avec le pianiste Seppe Gebruers.

Le film projeté ce soir est le mythique, étrange, drôle et déroutant « Histoire de détective » de Charles Dekeukeleire, tourné en 1929. Film muet, bien sûr, inspiré des œuvres de ses contemporains Vertov, Eisenstein ou Man Ray.

Devant l’écran, on a installé deux pianos. Oui, deux. Et, qui plus est, sont accordés différemment (d’un quart de ton).

Seppe Gebruers – entendu avec Ifa y Xango, Antiduo avec Erik Vermeulen ou Bambi Pang Pang avec Andrew Cyrille – s’est fait spécialiste de l’exercice. Entre jazz, musique improvisée et musique contemporaine, il travaille à « réhabiliter » les fréquences intermédiaires entre les notes d’un clavier habituellement « tempéré ». Demi-tons, quarts de ton et toutes le micro-tonalités sont invités à enrichir la musique et à la faire entendre d’une autre façon.

Alors que les images défilent et s’entrechoquent dans un montage audacieux et avant-gardiste (et encore actuellement, en avance sur son temps), Seppe improvise et vient souligner les actions, vient les perturber ou encore leur donner un sens différents.

La musique nous déstabilise un peu au début puis se fond totalement à l’œuvre de Dekeukeleire. Les notes dissonantes s’accordent avec d’autres, se combattent entre elles et trouvent finalement un terrain d’entente. On y perçoit des bribes de ragtime, de valse, d’orientalisme, de sérialisme. D’humour également. Et puis il y a beaucoup de virtuosité, aussi, qui rend l’ensemble tout à fait abordable et même très excitant.

Durant cinquante minutes, on est captivé par cette « enquête » absurde, par ce cinéma voyeuriste, éclaté et troublant. C’est un fascinant moment qui démontre ainsi que la musique n’aura jamais fini de nous « titiller » ni de se réinventer.

A+


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