Maurizio Minardi Trio – Open Music Jazz Club

L’Open Music Jazz Club à Comines est décidément un lieu incroyable. L’accueil y est toujours chaleureux et convivial. Cela est dû, sans doute en grande partie, aux bénévoles (!!) passionnés qui font tenir debout ce club depuis plus de dix ans, mais aussi aux prix très démocratiques, à une acoustique vraiment parfaite et, nec plus ultra, une programmation irréprochable.

Ce vendredi 24 novembre au soir, par exemple, dans le cadre du festival « Les Saturnales », instigué par le club lui-même, c’est le trio de Maurizio Minardi qui s’y présente.

Je ne connaissais que très vaguement le groupe ainsi que son leader. J’étais un peu plus familier avec les noms du bassiste Maurizio Congiu et du batteur Thomas Delor pour les avoir croisé en concerts ou sur des albums de Baptiste Herbin, Jeanne Michard ou Sarah Lenka pour l’un et de Matthieu Marthouret, Damien Varaillon ou même Philip Catherine pour l’autre.

Maurizio Minardi est pianiste (mais aussi accordéoniste) et présente un parcours assez disparate, émaillé de très beaux projets et de belles rencontres… Il quitte son Italie natale en 2008 pour s’installer à Londres pour dix ans où il joue du jazz, du tango, fait de l’électro-pop et travaille même avec le Royal Shakespeare Company, puis revient s’installer à Paris où il multiplie les projets et anime nombre de jams. Bien évidemment, son éclectisme colore un jeu plutôt singulier.

Dès les première notes, on ressent l’énergie qui propulse le trio. Dans ce groove plein de lyrisme, on pourrait y retrouver une pointe de E.S.T. ou de Shai Maestro, saupoudrée d’influences plus latines. La musique circule avec fougue et fluidité, et cet équilibre parfaitement maîtrisé est des plus réjouissants.

Prenant le temps d’échanger avec un public enthousiaste, Maurizio et ses compères alignent un nerveux « Femme Lunaire », un mélancolique « Au bord de l’eau », puis un sanguin et sensuel « Tango ».

Le drumming de Thomas Delor est nerveux et tendu sans jamais être agressif. Il joue les sons mats, étouffant parfois les peaux avec un tissu, mais usant surtout de mailloches, balais et souvent des mains nues. L’alliance avec la contrebasse de Maurizio Congiu est idéale. Ce dernier développe les contrepoints et colore des mélodies dégraissées de tout maniérisme. Il tire sur les cordes avec force, tout en gardant une belle longueur de notes et un son profond.

Le trio alterne les ambiances électrisantes et plus crépusculaires. Mais la tension est toujours bien présente. Le plaisir de jouer ensemble est évident, comme sur ce « Questa Non E’ Una Rumba », enlevé et festif ou sur ce plus acéré « Miroirs » qui n’en finit pas de monter en puissance. Thomas Delor en profite d’ailleurs pour y insérer un solo claquant mais toujours plein de musicalité.

Le trio n’est pas avare d’improvisations ni de digressions. Chacun des morceaux offrent leur part de surprises. Les échangent sont aussi spontanés que nombreux et on ne se ferme aucune porte, bien au contraire.

Après deux sets bien robustes et plein d’entrain, et pour remercier le public qui « en redemande », le trio nous offre une version très personnelle de « Lullaby Of Birdland » déconstruite, réinventée et finalement radieuse.

Voilà donc une très belle découverte d’un trio très complice, qui était passé la veille au Music Village à Bruxelles, et qui va sortir en tout début d’année son nouvel album que je vous recommande déjà : Invisible (en espérant sincèrement qu’il ne le reste pas).

Merci à ©Sham pour les images.

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