Tournai Jazz 2023 – Pianoforte

Après une édition hors norme pour fêter ses dix ans, le Tournai Jazz Festival est revenu, pour sa onzième édition, à une formule plus condensée. Resserrée sur trois soirs, les organisateurs ne s’étaient cependant pas privés de la qualité. C’est à la Maison de la Culture qu’on a pu retrouver des artistes tels que Greg Houben, Sinne Eeg et Ivan Paduart ( en remplacement, en dernière minute, de Rêve d’Éléphant), Axel Red (qui faisait l’ouverture), Dhafer Youssef, Pianoforte (Eric Legnini, Baptiste Trotignon, Bojan Z et Pierre De Bethmann) et la fantastique Rhoda Scott et son Lady All Stars. Sans compter quelques groupes « locaux » de très haut niveau (dont le Power Shake Orkestrash, entre autres).

Pour des raisons de santé (hé oui !) je n’ai pu m’autoriser qu’un seul concert, celui dont je rêvais depuis longtemps : Pianoforte.

Ce « quartette » composé de virtuoses (la crème du jazz hexagonal) a vu le jour lors du Tourcoing Jazz 2019. Faire jouer ensemble quatre pianistes est une gageure. Mais la formule a fait mouche et le groupe a enchaîné plus de vingt concerts à travers l’Europe.

Dans le salle Jean Noté, deux Steinway encadrent deux Fender Rhodes.

Pour commencer (avec « La Lenteur »), De Bethmann s’installe au piano, à droite, et lance les premières notes de sa composition. A l’opposé, Trotignon harmonise. Bojan joue les lignes de basse et Legnini s’infiltre avec subtilité. La magie opère.

Puis, on change de place. Legnini au piano, De Bethmann au Fender. « Boda Boda », groovy et sensuel, parsemé d’échanges vifs et de parties à l’unisson (entre Trotignon et Legnini) qui laissent toujours transparaitre la personnalité des artistes. Fluide et charnel pour Legnini, plus tranchant et claquant pour Trotignon.

Dans « Moods », on retrouve ces mêmes attaques franches de Trotignon qui ajoute quelques notes de synthé vintage. Les deux Fender Rhodes, quant à eux, viennent donner du relief. Jamais on ne se marche sur les pieds. L’écoute entre les musiciens et le respect du jeu sont essentiels. Il n’est pas question d’égo ni de batailles virtuoses, tout est au service de la musique et de la manière de faire progresser les impros (surprenant Bojan, virevoltant De Bethmann).

On échange régulièrement de place et chacun prend le lead, en laissant beaucoup d’espace aux autres. Tout se mélange. Pas de bavardage inutile, la musique circule et les idées aussi. On distribue de manière équitable les compositions personnelles (merveilleux moments d’inventivité et de plaisir sur « Seeds » où chacun vient épicer à sa façon le thème écrit par Bojan) et les « standards » (une revisite éblouissante de « It Could Happend To You », le blues « Barbados » de Parker ou encore le vif et dansant « Chorinho » de Lyle Mays).

Tour à tour, et avec plein d’humour, les musiciens présentent les morceaux. Ça rigole et ça vanne. Mais, surtout, ça joue avec plaisir. Les quatre artistes s’ingénient à rafraichir chaque intervention, à trouver de nouvelles phrases et à garder la spontanéité d’un jeu qui doit suivre des règles. Quel tour de force.

En rappel, avec humour et dérision, le quartette nous offre une versions ludique de « We Are The Champions » (allant jusqu’à chanter le refrain) de Queen.

Que du bonheur, que du plaisir.

J’aurais bien aimé assister aux autres concerts (Greg, Dhaffer et Rhoda, entre autres, qui ont séduits le public), mais « le cœur a ses raisons… ».

A très vite pour la douzième édition !

Merci à ©Olivier Lestoquoit (Zi Owl) pour les images.

Un commentaire sur “Tournai Jazz 2023 – Pianoforte

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  1. Très bien Jacques mais comme le disait un pianiste liégeois de légende – Maurice Simon : « Fais to dou avou’l pougneye » !

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