Gaël Horellou & Ari Hoenig Quartet – Jazz Station

On connait les diverses facettes du saxophoniste français Gaël Horellou (de l’électro – jazz ou pas – avec Laurent De Wilde ou Cosmik Connection, au jazz rock de NHX en passant par un jazz plus traditionnel avec ses différents groupes)

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Ce samedi 28 septembre au soir, dans une Jazz Station pleine à craquer, il se présentait avec son complice – et terrible batteur – Ari Hoenig dans une formule plus bop. Aux côtés des deux co-leaders, on retrouvait les non moins formidables Etienne Déconfin au piano et Viktor Nyberg à la contrebasse.

Ni une ni deux, le quartette démarre pied au plancher. «The Source» puis «Hold Up A Minute» ne laissent à personne le temps de reprendre son souffle. C’est hyper swinguant et bourré d’énergie. Le sax est lumineux et puissant, dans la veine des John Coltrane, bien entendu, ou Pharoah Sanders (période Journey To The One, par exemple).
Et puis, il y a la façon impressionnante dont Ari Hoenig joue de sa batterie : sec, vif, décalé, à la fois bop et très contemporain.

Tout cela est hautement inflammable.

Horellou fait presque du hors-piste (mais pas de sorties de piste ! ), il fait couiner son sax, il va gratter les moindres aspérités du corps de l’instrument, il projette un son puissant et nuancé. Contrebasse, batterie et piano attisent le feu. On ne touche plus le sol.

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La ballade «Irish Golem», si elle est plus apaisée, n’en est pas moins pleine de tensions. Déconfin enfile les arpèges, construit le morceau par vagues. La main est rapide, agile et assez ferme pour offrir un jeu d’une grande lisibilité.

Le quartette s’amuse sur scène, improvise et embarque tout le monde dans les montagnes russes avec une version incroyable de «Satellite» de John Coltrane, arrangée par Ari Hoenig. Le groupe ne l’a jouée qu’une seule fois, la veille, au Duc des Lombards à Paris.

L’attaque de Ari Hoenig donne directement le ton. Il mélange polyrythmies et alterne les frappes sur le premier ou second temps, donnant ainsi un relief et une dynamique délirante à ce morceau déjà complexe de Coltrane. Mais le groupe est hyper attentif et soudé. Les notes défilent, les relances sont incessantes, tout en accelerando et diminuendo. C’est hallucinant et jouissif.

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Le quartette ne lâche pas la pression au second set. Sur un morceau dont je n’ai pas retenu le nom, Horellou repousse les limites de son sax et entraîne Ari Hoening vers un solo des plus chantants. Le batteur Newyorkais peut, avec une justesse impressionnante, jouer n’importe quelle note. Tout en swing et douceur, il battit son univers tandis que Déconfin maintient un long ostinato au piano. C’est brillant d’inventivité et de subtilité. C’est incroyable ce que le percussionniste peut produire de variations avec – entre guillemets – « si peu de choses ».  Dans un espace aussi retreint, il parvient à insérer des milliers de couleurs et autant d’idées. C’est un condensé de créativité (allez écouter son disque solo The Painter, paru il y a quinze ans déjà : un must ! ). Bref, c’est une leçon pour les nombreux jeunes batteurs qui étaient dans la salle ce soir et un pur bonheur pour chaque spectateur.

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Alors, le quartette déroule encore avec fougue et plaisir un «Lyric» plus poétique mais bien chaloupé, un «GK» presque boogaloo ou encore un dernier thème qui mettra en avant un excellent solo de Viktor Nyberg, discret mais absolument indispensable tout au long du concert.

Le quartette d’Horellou et Hoenig démontre, à qui en douterait encore, que l’on peut toujours réinventer le bop sans que cela ne sente le réchauffé.

Grand moment de jazz. On en redemande !

 

 

A+

Merci à ©Roger Vantilt pour les images.

 

 

 

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