FOX trio + Guest à la Jazz Station

FOX, le trio de Pierre Perchaud (eg), Nicolas Moreaux (cb) et Jorge Rossy (dm & vibra), oui l’ex batteur de Brad Mehldau – qui s’était déjà fait remarquer avec un premier album tout en tendresse il y a un an ou deux – s’est augmenté de Chris Cheek (ts) et Vincent Peirani (acc) pour enregistrer un second opus, Pelican Blues, qui trouve son inspiration dans la musique de la New-Orleans, berceau du jazz et du blues.

Et c’est au grand complet qu’il s’est présenté à la Jazz Station ce samedi 7 octobre.

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Une fois de plus, le club (je sais, ce n’est pas vraiment un club) avait fait salle comble. Cela devient une (bonne) habitude et c’est amplement mérité au vu de l’excellence et de la régularité de la programmation.

Bien que l’orientation soit assumée donc, FOX ne revisite pas les standards de l’époque et ne «se la joue pas» – encore moins – roots. Par contre, les musiciens ont intelligemment digéré cette musique, ils l’ont humée, mâchée, dégustée et assaisonnée à leur façon. Bien sûr, on retrouve parfois le blues poisseux (comme dirait Vincent Bessières dans les très intéressantes liner notes de l’album), le côté jovial mais aussi légèrement fataliste qui caractérisent cette musique. Mais FOX évite les clichés et propose une musique plutôt personnelle.

«Cliff Tone» ouvre le chemin de façon nerveuse à un «Canoë» qui dérive sur des courants tumultueux et impétueux. Merveilleuse entrée en matière.

Avec beaucoup de simplicité et de décontraction, Nicolas Moreaux ou Pierre Perchaud expliquent, tour à tour, quelques anecdotes sur chacune des compositions. Il est toujours intéressant de contextualiser ce type de musique et d’en expliquer la démarche. Et si, en plus, c’est fait avec légèreté et humour, cela ne se refuse pas.

Après un énergique «Fox On The Run», qui se défile comme un animal traqué entre les échanges vifs du sax et de la guitare, il est temps d’inviter Vincent Peirani.

C’est incroyable la façon qu’a l’accordéoniste d’utiliser son instrument et de le détourner sans pour autant le dénaturer. Il lui donne un rôle swinguant et canaille tout en restant fin et élégant. … Et détonnant !

Ce «Pelican Blues», titre éponyme de l’album, est un délice. Ça sent bon l’alcool de contrebande servi dans les bars de nuits, les déambulations nocturnes, les pertes d’équilibre au bord du caniveau d’une rue mal éclairée. Et pourtant, je le répète, on est loin des clichés. La guitare de Perchaud est souvent caressante et enveloppante, mais elle ne manque cependant jamais de piquant. Le dialogue avec le sax, faussement soyeux, de Cheek est une parfaite réussite

FOX mélange le traditionnel et le contemporain, le blues et le classique. Presque sans y toucher. «Syntax», par exemple, (inspiré de «When the Saints Go Marching In» impossible à reconnaître) semble décliner la mélodie en pointillés, laissant beaucoup de place aux impros et aux échanges.

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A la contrebasse, le jeu de Moreaux est sensible, très à l’écoute des autres. Il ajoute beaucoup aux mélodies dessinées par Perchaud en laissant beaucoup de distances. Ça respire et c’est dense à la fois. Ce n’est jamais agressif mais c’est toujours tendu.

On retrouve toujours un équilibre nuancé entre groove et douceur, entre impétuosité et détente dans chacune des compos. Il y a toujours un balancement entre nonchalance et urgence. Mais il y a surtout une grande écoute et une ouverture d’esprit qui font l’essence du jazz, et qui permettent un vrai dialogue.

Alors, il y a encore le voluptueux «2 a.m.», avec Jorge Rossy au vibraphone, le lent «Four Deuces», aussi sensuel que le dos musclé de Marlon Brando dans «Un tramway nommé Désir», ce «Mardi Gras – Bubble Gumbo» qui rappelle les marches de fanfares qui déambulent dans des rues poussiéreuses, ou encore la ballade introspective «Spirit of St. Louis»…

Fox nous fait voyager, en toute élégance, entre bluegrass et americana, tout en gardant un ancrage très européen.

C’est frais, actuel, swinguant, simple et plutôt singulier.

On en reprendrait bien encore un peu…

 

 

Merci à ©Roger Vantilt pour les images.

 

A+

 

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