Ramon van Merkenstein trio – chez Joran

Dans le fond d’un bar tout en longueur (Joran, près de la Place Dailly), où l’on déguste d’excellents cidres, calvas et autres spécialités bretonnes, le trio de Ramon van Merkenstein vient d’entamer son premier set.

Voilà des mois, et même plus, que je voulais parler du très bon album ( Quiet Dreams ) du contrebassiste hollandais qu’entourent Lieven Venken (dm) et Gabriele di Franco (eg). Un disque qui navigue entre douceur et audace. La douceur pour certaines mélodies et l’audace pour certains arrangements qui laissent souvent la place aux improvisations libres… Ce qui se révèle plus encore en live.

Ce soir, une partie du public est très attentive. L’autre, à l’opposé de la salle, sirote et bavarde. C’est un bar, ne l’oublions pas.

Après « Passing On » ténébreux et doux, le trio attaque un nouveau morceau qui ne porte pas encore de titre et qui emmène l’auditeur sur des chemins plus accidentés et aventureux. Le trio à la niaque et ça pulse. Di Franco parsème ses solos d’effets savamment dosés. Pas trop d’effets, justement, qui pourraient altérer son très beau son de guitare. Rien dans l’excès mais toujours avec l’envie d’aller plus loin… C’est sans doute l’une des forces de ce trio : mettre en confiance le public pour « dériver » avec lui.

Ce qui est remarquable aussi, c’est le jeu à l’archet de Ramon – alternance de romantisme sombre et d’ostinati aux inflexions orientales – avant de repartir en pizzicati fermes, longs et profonds.

Il y a, dans ce trio, une énergie toute new-yorkaise. Serait-ce dû au drumming à la fois précis et très ouvert (parfois déroutant) de Lieven Venken ? Il passe du swing à des figures rythmiques jouées aux mailloches en variant les intensité et les tempos. Comme sur ce solo final de ce délicat et bopant « Shadow Song », qui s’inspire lointainement, peut-être, d’un « All Of Me ».

En début de second set, sur un motif lancinant, « November Song » se réchauffe sous les riffs de guitares qui s’amplifient. On part du  « feutré » pour aller vers un jazz aux parfums plus blues, plus psyché ou même presque surf rock.

Le trio, comme après avoir mis les spectateurs en confiance, nous entraine alors sur des pistes plus abstraites qui font voyager l’imaginaire. Les balais effleurent les peaux, la guitare est légère et la contrebasse évoque les sentiments de doute, d’apaisement et finalement de rage. La mélodie de « Waiting for a Summer Storm » se dessine sous les doigts de Ramon et le trio en profite pour ajouter des anecdotes à l’histoire et s’amuse à enchaîner les improvisations. Le guitariste défie le batteur, le contrebassiste joue l’arbitre – ou peut-être le coach – proposant souvent aux musiciens de continuer à broder et à inventer. Il y a des restes de blues un peu sale qui traînent ici, des éclats de swing par là.

Alors on termine « chez Lydia » de façon plus dansante, avec quelques pointes afro-cubaines. Et chaque fois, ça s’emballe et ça prend feu. Ramon court sur le manche de sa contrebasse, Gabriele griffe les cordes de sa guitare et Lieven tape de plus en plus sèchement ses tambours jusqu’au coup final, claquant et tranchant.

Tout bon !

Ramon et ses complices préparent un prochain album. Un trio à tenir à l’œil.

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