Full house comme on dit (assez régulièrement) à la Jazz Station ce 11 novembre. David Linx ( qui était venu quelques mois plus tôt présenter son Skin In The Game dans un fabuleux concert – paraît-il – auquel je n’avais malheureusement pas pu assister) était de retour avec Matteo Pastorino (cl, bcl) et Guillaume De Chassy (p) pour nous faire découvrir, cette fois-ci, On Shoulders We Stand – transcriptions (paru chez Enja).

Le pari de ce projet n’est pas des plus évidents. Il fallait oser relever le défi proposé par Guillaume De Chassy lors d’une émission de radio en France : réenchanter des œuvres classiques de Rachmaninov, Ravel, Schubert ou encore Scriabine !
La classe, le talent, l’intelligence (et une pointe d’inconscience, sans doute) des trois musiciens ont permis d’amener ce projet à l’excellence (ma critique à lire ici).
Il fait chaud de chaleur humaine dans cette salle comble et les premières notes de piano de de Chassy nous happent directement. L’intro « classique » et virtuose se mue sensiblement en un chaloupement jazz. Le voix de David Linx épouse chaque variation harmonique et la clarinette basse de Pastorino enveloppe l’ensemble. Et puis, ça improvise. Car c’est comme ça le live, c’est comme ça le jazz, c’est oser se laisser emporter pour développer ses idées.
Et c’est là qu’on se dit que le mélange entre classique et jazz (qui n’est pas à sa première tentative) est pleinement réussi.

Guillaume de Chassy prend le temps de raconter, avec énormément d’humour, l’origine des thèmes, la démarche musicale de ces illustres compositeurs et les intentions du trio.
Et quand cela joue (le phrasé de de Chassy !! ) et chante, fini de rire. C’est du très haut niveau ! Ce chant ciselé sur « The Very Concept Of You » (sur la « Mazurka Op68 n°4 » de Frederic Chopin) est éblouissant de précision et d’intensité. David Linx possède une amplitude vocale hors du commun. Il ose tout, du plus grave au plus haut. Entendez-le encore sur ce « Souls Astray » (sur une sonate de Schubert). Écoutez les paroles et les mots…
La cohésion entre les trois musiciens est parfaite. Chacun joue pour l’autre et avec l’autre. Sur ces musiques très écrites, chacun y trouve l’espace pour exprimer ses idées, s’en éloigner un peu et oser prendre toutes les libertés qui nourrissent le propos.

On reste bouche bée à l’écoute de « The Riptide » (« Musica Callada » de Mompou). Ce chant vénéneux, sinueux et légèrement inquiétant. Entre le piano et la voix, la clarinette se fraie un passage et s’entortille dans des méandres d’arrangements sophistiqués.
On retient encore son souffle à l’écoute de « Of Mankind, Sun And Flames », dans une ambiance musique de chambre, sur ce Prélude de J.S. Bach. Et puis on clappe des mains et on fait les chœurs (surtout un bon groupe de chanteuses, dans le fond de la salle, qui est venu écouter le maître, le prof, l’ami) sur un dernier titre aux intonations gospel.
Des applaudissements nourris, un rappel obligatoire. Du plaisir.
On est bien.
Merci à ©Roger Vantilt pour ses images.
A+
.
Votre commentaire