Imaginez-vous dans le grenier sombre et silencieux d’une vieille maison. A peine poussiéreux. Il y a une boîte en carton. Dedans, des images, des photos floues, des écrits délavés, quelques bibelots oubliés. Des souvenirs, vécus ou fantasmés, vous remontent à la mémoire.
Voilà plus ou moins ce que la musique de Camille Alban-Spreng (piano), Benjamin Sauzereau (guitare) et Marco Giongrandi (Banjo) évoque à l’écoute de Dear Uncle Lennie ce samedi à la Jazz Station.

On est dans un cocon. On rêvasse entre folk, blues, chanson, jazz et valses obliques…
« Oppresseur/ Opprimé », suivi de « Village aplati », laissent libre cours à l’imagination.
Les trois instruments se sont accordés pour jouer « feutré » et harmoniser leurs couleurs. Piano étouffé qui laisse la brillance à la guitare (résonnante et en même temps ronde et veloutée) et au banjo dont on aurait passé légèrement les aspérités trop claquantes au papier émeri.
La musique est très évocatrice, souvent intimiste et introvertie. Elle est aussi cinématographique dans le développement des ambiances sur lesquelles se déposent des mélodies simples et élégantes.

« You Left Right », « Souvenir de l’autre », sont des miniatures romantiques, sans maniérisme ni poncif. A chaque morceau, le trio trouve un angle, un son et des accords qui changent la perspective et vous cueillent par surprise. Ce n’est pas là que vous pensiez aller ? Tant mieux.
« Lennie and George » ferait-il un clin d’œil à Brassens ? « The Exciting Nightlife Of Harvest Mice » à Chilly Gonzales ? Et qui est cet Oscar dont « Le sourire ne cache pas sa profonde incompréhension du monde » et qui, « Après un court moment d’inattention, réalise que tout est perdu » ? De brefs morceaux aux longs titres énigmatiques, comme les aime Sauzereau, auteur avec Alban-Spreng des compositions de ce merveilleux album anticonformiste sorti chez Yolk Records.

La force de ce trio est de vous emmener vers l’inconnu sans vous perdre. De vous faire frissonner, sans vous faire peur. C’est un concert (concept) en forme de conte pour enfants… ou plutôt pour adultes qui ont gardé une âme d’enfant.
« Dear Uncle James » (encore un personnage que l’on aimerait connaître) puis « Small Music Box Mechanism » et ses guitares saturées comme pour mettre fin au rêve et en comprendre les rouages insaisissables, mettent un terme à un concert magnétique. A revivre…
A+
Merci à ©Roger Vantilt pour les images.
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🙂
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