Guillaume Vierset Harvest Group – Flagey

Samedi 2 avril. Flagey. Studio 1. Harvest Group, le quintette de Guillaume Vierset, présente son nouvel album : Lightmares (sorti chez Igloo).

Depuis quelques temps, le guitariste s’est libéré de tout. De ses partitions et de ses bonnes manières. Il s’est retrouvé. Il le dit partout et le revendique haut et fort. Et cela s’entend dans sa musique. Le troisième album de son groupe – qui fut sans nul doute l’un des éléments révélateurs de cette liberté retrouvée – respire, plus encore que les précédents, les échappées belles.

Lightmares est, on l’aura compris, un jeu de mot entre le jour et la nuit, entre la quiétude et les angoisses. C’est une sorte de rêve – ou un cauchemar –  éveillé. Tout s’écoute et se ressent presque sous deux angles opposés. Cela me rappelle les romans de John Fante et ses côtés aussi désabusés qu’apaisants, aussi sombres et mélancoliques qu’optimistes.

Guillaume Vierset (entouré de Yannick Peeters à la contrebasse, Marine Horbaczewski au violoncelle, Mathieu Robert au soprano et Yves Peeters à la batterie) ne veut pas trop parler, lui pourtant si bavard, pour laisser la magie de la musique opérer.

Alors on se laisse bercer dans un univers soyeux, doux et délicat.

Des étoiles scintillent dans nos esprits. Celles qui résistent encore aux premiers rayons du soleil ou celles qui s’allument peu à peu dans le crépuscule ? On ne sait pas très bien.
Le Harvest Group invente un long voyage sur terre, quelque part, avant le lever du soleil, et même avant, jusqu’à la tombée de la nuit, et même après.

Le travail sur le son est étonnant. Les mélodies sont diluées dans un dépouillement harmonique tout en langueurs. Bruissements, glissandos, pizzicati, souffles chauds, percussions veloutées.

« Sleep / Wake up » et « Wake Up / Sleep » marchent côtes à côtes et se laissent traverser de moments suspendus ou de riffs tranchants. « I Wish », « I hope » ou encore « Sunrise » laissent vagabonder le violoncelle et la contrebasse, dans une ambiance feutrée et optimiste. Les arrangements spontanés sur les cordes (guitare, violoncelle et contrebasse) sont subjuguants. La pulsation sourde de Yves Peeters et les fugues de Matthieu Robert, tantôt sobres et sensuelles, tantôt âpres et désordonnées, augmentent ce sentiment d’euphorie douce. Les idées s’enchaînent les unes aux autres, les mélodies se dessinent en direct, et la poésie des accords se révèle. C’est une sorte de cadavre exquis musical qui s’offre à nos oreilles.

Guillaume utilise peu d’effets, malgré les pédales qui s’étendent à ses pieds. Il préfère jouer avec le son brut (ou cristallin) de sa guitare en usant plutôt du vibrato. Ce qui le rend plus organique. Le leader laisse aussi beaucoup d’espaces aux improvisations très inspirées de ses acolytes. Ceux-ci sont en véritable osmose. Ils enrichissent les thèmes ou les développent très librement. Ils semblent faire bouger les lignes, imperceptiblement. La musique, aux motifs parfois répétitifs, devient un véritable mouvement. En quelques enchainements d’accords, on passe d’une certaine fragilité à des riffs accrocheurs très rock, blues ou folk. C’est un peu comme ces bouquetins qui, en quelques bons, atteignent le sommet de la montagne en escaladant son côté le plus pentu.

De ces mélodies « simples » transparait beaucoup d’émotions.

Enfin, après une belle heure de musique, on s’aperçoit que l’on a voyagé dans un film imaginaire. Et chacun y a sans doute vu ses propres images.

Savoureux.

Merci @Olivier Lestoquoit (Zi Owl) pour les belles images, prises lors du soundcheck afin de ne pas déranger ce concert délicat et fragile.



A+

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Créez un site Web ou un blog gratuitement sur WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :