Igor Gehenot Quintet – L’Archiduc

C’est un nouveau projet ? Je ne sais pas. Igor non plus. Il y a tellement de « projets » qui se sont développés pendant, entre et après ces confinements à répétitions qu’on ne sait plus.

A moins que ce ne soit un « test » pour faire redémarrer les concerts du lundi à l’Archiduc (le retour des « Tell Me Why I Do Like Mondays » ?).

Qui sait ?

Dans le mythique bar à la façade bleue de la rue Dansaert, ce lundi 30 août, le pianiste Igor Gehenot a réuni autour de lui Bart Defoort (ts), Jean-Paul Estievenart (tp), Noam Israeli (dm) et le contrebassiste français Géraud Portal.

Pur, pur, pur hard bop pour commencer, avec un « Step Lightly » (Lightly ? Vraiment ?  Mon œil !) époustouflant d’énergie, emprunté à Benny Golson. Chacun y va de son solo endiablé, saute à pieds joints dans le bain, en éclaboussant tout, en s’amusant comme des gamins ! Sûr qu’ils avaient envie de rejouer devant un public nombreux et qui ne demandait que ça !

« Cursiv » (habituellement plus introspectif) est d’ailleurs tendu comme un arc. La contrebasse est sèche, claquante et ferme, la trompette est brillante et délirante et le sax ténor crache tout ce qu’il a. Tout cela est bouillonnant !

Sur la page Évènement Facebook, Igor avait ajouté trois icônes « flammes », et l’on peut assurément dire que celles-ci n’avaient jamais été aussi bien choisies.

En deux sets de feu, tout le monde a redécouvert des sensations qu’il n’avait plus ressenti depuis bien trop longtemps !

A aucun moment, l’excitation ne redescend. Sur « Las Palmas », le solo de Bart Defoort est incandescent (quel son !!) et si Jean-Paul Estiévenart temporise un instant, c’est pour mieux faire exploser la suite. Quant à Géraud Portal, il suit les deux souffleurs pas à pas, n’hésite pas à les presser un peu plus, à les aiguillonner. Les cordes claques sur le manche, ses doigts roulent elles. Noam Israeli n’est pas en reste. Il fouette, attise, excite le swing. Alors on plonge, on plonge, on plonge encore… et puis, soudainement, sans aucun palier, on remonte à la surface et « clac ! » : de l’air ! On respire ! De l’air à s’en faire péter les poumons.

Un break entre les deux sets n’a pas refroidi les musiciens. L’intensité reprend de plus belle avec « Eternal Triangle » (une folie !). Puis on fait un retour sur « Step » ou « Black Inside » sur lesquels Igor joue les mains rapprochées, sautant sur toutes les touches de son piano, les graves, les aiguës, main gauche, main droite, dix doigts, poussé dans le dos par Jean-Paul, il ose tout. Imaginez !

Imaginez des amis qui jouent et qui oublient tout le reste ! C’est jubilatoire.

Il faut un magnifique « Vignette »  (de Gary Peacock) pour reprendre un peu ses esprits avant de pouvoir remonter très haut avec un « Too High », de Stevie Wonder, revu façon bop ! Le quintette reprend tous les ingrédients du tube de Stevie et concocte une nouvelle recette. Les mêmes saveurs, mais pas pareilles, les mêmes frissons, mais différents… Tout le monde met son grain de sel… Tout y est.

C’est autre chose. Et c’est bon. Qu’est-ce que c’est bon !

C’est bien ça le jazz : ce truc inconnu qui nous semble si familier.

Difficile de s’arrêter devant un public aussi enthousiaste. Alors, pour le plaisir (encore plus de plaisir), on joue encore. Encore. Aussi fort. Aussi bien.

On remet ça quand ?

A+

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