L’ambiance est plus qu’intimiste ce vendredi 15 mars à la Jazz Station.
C’est calme, cool et détendu. En attendant que les musiciens s’installent sur scène, on parle sans élever la voix, comme pour ne pas risquer de réveiller un enfant en plein rêve.
Ce soir, c’est double bill avec Natashia Kelly d’abord et Alain Pierre ensuite.
La chanteuse anversoise est accompagnée de Brice Soniano à la contrebasse et de Jan Ghesquière à la guitare acoustique.
Ce qui frappe d’entrée, c’est la pureté et la clarté de la voix de Natashia. Elle est limpide comme l’eau froide d’une rivière qui coule à travers une nature préservée – et bien cachée – des Highlands.
Le geste calme, les yeux perdus au loin, elle déballe délicatement ses petites perles poétiques.
Brice Soniano joue avec plus de délicatesse encore qu’à l’habitude. Il effleure les cordes et les fait résonner sobrement, puis il les frôle, les caresse, en fait des coussins. La guitare de Ghesquière est scintillante mais parcimonieuse.
Il y a quelque chose de fantomatique dans ces poèmes chantés. Il y a toute la délicatesse d’un jazz de chambre aux parfums celtiques dans «Ocean», «Tightrope Dancer» ou «I’m Weary Of Lying Alone» (un traditionnel Irlandais) superbement introduit par Soniano à l’archet.
Natashia Kelly s’amuse à détailler certains mots et à lier certaines phrases pour en faire des rythmes mouvants et fragiles, et raconter ses histoires étranges.
Elle reprend aussi «Ballad Of a Thin Man» de Bob Dylan qui fait froid dans le dos. Puis, en duo guitare et voix, elle nous offre un dernier «Round Midnight» hors du temps.
Trois quarts d’heure merveilleux, d’une intensité froide et envoutante. Trois quarts d’heure dans un autre monde.
En seconde partie, dans un autre style – pourtant tout aussi délicat et subtil – le guitariste Alain Pierre présentait son tout frais et excellent album «Sitting In Some Café» (j’en avais déjà parlé ici).
Alain Pierre joue magnifiquement bien. Sa technique est impeccable mais, au-delà de ça, ce sont surtout les émotions qu’il arrive à provoquer que l’on retient. Les couleurs qu’il donne à chacun de ses thèmes sont choisies avec beaucoup de finesse et de justesse.
En solo, il nous livre « Beers, Heat & Smoke », « Jon & John » ou « The Pub Crawler ». Puis il invite Etienne Plumer à la rejoindre aux tablas.
La musique se parfume de ragas indiens, les rythmes s’enchevêtrent et les thèmes prennent une autre dimension. Mais l’esprit reste bien là. Raffiné et original. Personnel et plein de beauté. Etienne Plumer accompagne, soutien, ouvre, invente, s’échappe. On savoure ce doux mélange de jazz, de folk et de musique du monde. C’est un véritable moment de partage et de complicité.
On est bien et on a envie que la nuit s’éternise.
L’ambiance était plus qu’intimiste ce soir à la Jazz Station.
C’était calme, cool et détendu.
Et c’était vraiment bien.
A+
Merci à pour les images ©Roger Vantilt pour les images
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