Toine Thys French Quartet au Sounds

Même si la démarche de Rackham est intéressante et le résultat plutôt réussi, oui, je l’avoue, je préfère Toine Thys dans des formations plus “acoustiques”.

J’aime son ancien groupe Take The Duck par exemple, ou son Trio avec Arno Krijger (org), ou encore, comme ce 4 mai au Sounds, son French Quartet.

Question de goût personnel, sans doute.

Toine Thys a une belle personnalité au ténor, au soprano ou à la clarinette basse, qui est bien mieux mise en valeur dans ce genre de formations, me semble-t-il. C’est là que se révèle toute la sensibilité qu’il cache peut-être parfois derrière un humour décalé et nonchalant.

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Dans ces moments-là il est plus touchant. Et, du coup, les petites imperfections inhérentes au fait que ce quartette ne joue ensemble que depuis quelques jours (voire quelques heures) s’acceptent plus naturellement. Mais ces petits flottements proviennent aussi du fait que la musique est loin d’être figée. Elle est vivante, elle est assez libre, elle est vraie, bref, elle est bonne. Et si elle possède toutes ces qualités, c’est que Toine Thys s’est aussi entouré de quelques belles pointures de la vague montante du jazz hexagonal (d’où le nom « French Quartet »).

A la guitare, on retrouve Romain Pilon, que l’on connait pour l’avoir entendu aux côtés de David Prez notamment. Son jeu est élégant, et son phrasé délicat lui permet de faire émerger les subtilités mélodiques des compositions de Toine Thys. En plus, Pilon évite l’évidence et trouve toujours un angle original. Il laisse s’exprimer les respirations et teinte son jeu, souvent swinguant, de touches bluesy ou légèrement funky. Les échanges avec le saxophoniste sont bien équilibrés et la tension monte sans difficulté.

A la contrebasse, Yoni Zelnik, qu’on avait vu récemment avec Seb Llado ici même, n’hésite pas à prendre la poudre d’escampette dès qu’il le peut. Et quand il ne peut pas, il trouve toujours un moyen de secouer fébrilement le tempo pour provoquer une ouverture et s’échapper à nouveau (sur “Dust” par exemple). Il crée ainsi une dynamique supplémentaire, une deuxième couche musicale, parfois surprenante et souvent intéressante.

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Puis, à la batterie, Fred Pasqua – que je ne connaissais pas (il joue pourtant avec Louis Winsberg, Emmanuel Bex ou Sophie Alour) – est très attentif et très fin dans le soutien ou plus affirmé dans la relance. Il fait claquer les fûts sans jamais être envahissant.

C’est qui est un peu trop envahissant ce soir, c’est le bavardage intempestif de certains spectateurs. Alors, avec élégance et humour, Toine Thys n’hésite pas à descendre de la scène et à déambuler entre les tables pour jouer un joli “Bloody Mary” et rappeler à certains qu’on est là avant tout pour écouter de la musique.

Avec ce jazz – pas aussi classique qu’il n’y parait – le French Quartet de Toine Thys amène une certaine dose de fraîcheur dans notre jazz belge. Les arrangements, pourtant assez élaborés, passent avec beaucoup de simplicité et de spontanéité, et les richesses harmoniques se dévoilent avec pudeur. La musique respire naturellement et prend toute sa puissance au fil des morceaux, sans qu’il ne faille pour cela forcer le trait.

On se fera donc un plaisir de revoir cette nouvelle formation – sans doute mieux rodée encore – cet été d’abord au Gouvy Jazz Festival et puis… ailleurs encore… espérons-le.

 

A+

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